Depuis mars 2013, la souche O27 du Clostridium difficile est soupçonnée d’être à l’origine de 3 décès dans les Bouches-du-Rhône, selon l’ARS Paca. Au total, 48 personnes auraient déjà été contaminées par cette bactérie dans plusieurs établissements sanitaires et médico-sociaux accueillant des personnes âgées dans les Bouches-du-Rhône. Selon l’InVS (1), Clostridium difficile est la première cause de diarrhées infectieuses nosocomiales chez les adultes, c’est-à-dire liées aux soins en milieu hospitalier.

Parmi les « réservoirs environnementaux » potentiels de Clostridium difficile, la communauté scientifique identifie notamment l’eau, les animaux d’élevage ou domestiques et l’alimentation.

Clsostridium difficile est retrouvée dans la viande…

Dans une publication de 2010 (12), une équipe de recherche française fait état de la présence de C. difficile dans 2 échantillons sur 105 échantillons de viande hachée analysés (soit 1,9%), achetés en France. Les échantillons positifs ne provenaient que de produits emballés sous vide, l’atmosphère anaérobie facilitant la survie et la sporulation de C.difficile.

Aux Etats-Unis, C. difficile a été isolée dans 42% des échantillons de viande analysés (bœuf, porc, dinde), aussi bien sur des viandes fraîches que préparées.

Selon les auteurs de l’étude française (12), la faible prévalence de la bactérie en France par rapport à l’Amérique du nord pourrait s’expliquer par la mise en œuvre des principes HACCP et de la qualité des contrôles microbiologiques dans la filière de production française.

… Dans les produits de la mer

Selon une étude publiée en 2012 dans Food Microbiology menée sur des moules, palourdes, et praires prélevées dans des élevages et chez des poissonniers de la province de Naples en Italie,  la bactérie Clostridium difficile aurait été mise en évidence dans 49% des 53 échantillons analysés (18). Selon cette étude, l’ingestion de fruits de mer contaminés crus ou mal cuits et la résistance à la température élevée de C. difficile pourraient représenter une source importante d’exposition et poser une réelle préoccupation pour la santé humaine.

… Et dans les végétaux

En France, sur 104 salades et légumes 4ème gamme analysés en 2013, des souches toxigéniques de C. difficile ont été isolées dans 3 échantillons (soit 2,9%). Il s’agissait d’un cœur de laitue, de mâche et de graines germées de pois.  Selon les auteurs, la source de contamination pourrait être environnementale ou via les mains des opérateurs.

Quelles sont les sources possibles de contamination des aliments par C. difficile ?

L’ensemble des données présentées ci-dessus suggèrent que C. difficile est relativement commune dans les aliments présents sur le marché de multiples pays. La question est maintenant de savoir selon quel(s) mécanisme(s) C. difficile est introduite dans ou sur les aliments.

> Bien que la source de C. difficile dans les aliments restent inconnue, il semble possible que la présence de C. difficile sur les viandes contaminées trouve son origine dans les intestins d’animaux contaminés.

> La contamination des aliments lors de la manipulation humaine est également possible, mais il n’existe aucune preuve à l’appui de cette possibilité à ce jour.

Conclusions

Ce phénomène de prévalence croissante dans les élevages et de présence avérée de C. difficile dans divers aliments soulève l’inquiétude au sujet de la transmissibilité potentielle de cet organisme par voie alimentaire.

D’autant plus que contrairement à d’autres contaminants bactériens de la viande, la cuisson pourrait ne pas éliminer C. difficile ; les spores peuvent en effet survivre dans le bœuf haché malgré une manipulation correcte et le respect des températures de cuisson recommandées. Il a ainsi été démontré la survie des spores à 71°C, même maintenue pendant 120 min. Cependant, une cuisson à 85°C pendant 10 min. éliminerait 90% des spores de la bactérie, toutes souches confondues.

RESERVOIRS- l’homme : la fréquence du portage asymptomatique peut atteindre 3%. Il est beaucoup plus fréquent chez les nourrissons (certaines estimations atteignent 70%).

– l’animal (porc, bétail, volailles, chiens, chats…)

– l’eau, le sol

PATHOLOGIE HUMAINE

Dose infectieuse : inconnue

La contamination à CD a lieu par voie oro-fécale et sa transmission de personne à personne s’effectue directement par manuportage ou à partir de l’environnement contaminé. Elle est favorisée par la très forte dissémination et la résistance des souches dans l’environnement des patients ayant une ICD.

Ces facteurs de risque rendent compte de la fréquence des épidémies hospitalières d’intoxication à CD (ICD). La meilleure protection est le respect de l’hygiène des mains par le personnel soignant et par le patient.

Personnes à risque : Personnes de plus de 65 ans (taux de mortalité rapporté jusqu’à 30%) et personnes souffrant d’un déséquilibre de la flore intestinale dû à l’administration d’antibiotiques.

Symptômes / syndromes : Diarrhée d’intensité légère à grave ; troubles intestinaux ; inflammation sévère du colon (colite pseudomembraneuse). Dans de rares cas, l’ICD peut être mortelle.

Traitement : Lorsque les symptômes sont bénins, aucun traitement n’est requis : les symptômes disparaissent lorsque le patient cesse de prendre des antibiotiques. Une antibiothérapie adaptée peut-être prescrite. Pour les cas les plus sévères, un transfert en réanimation voire un traitement chirurgical est nécessaire.

VIABILITÉ

Sensibilité aux désinfectants : Les spores sont relativement résistantes; sensibilité moyenne à l’hypochlorite de sodium à 1 %; sensibilité aux désinfectants puissants (glutaraldéhyde >2%) si le temps d’exposition est prolongé.

Inactivation par des moyens physiques : Les spores résistent habituellement à la chaleur, et ne sont donc pas éliminée par la cuisson aux températures habituellement recommandées (les spores sont inactivées par la chaleur humide : 121°C pendant au moins 15 minutes).

Survie à l’extérieur de l’hôte : Les spores peuvent survivre pendant de longues périodes à l’extérieur de l’hôte.

 

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