Alors même que fin mars 2014, le Comité d’évaluation des risques de l’Agence européenne des substances chimiques délivrait un avis favorable à la proposition de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) concernant le classement du Bisphénol A (BPA) en tant que substance toxique pour la reproduction de catégorie 1B, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) fait chemin à part et vient aujourd’hui jeter le désarroi en Europe en publiant un avis indiquant que le BPA n’entrainerait pas de danger pour la santé.
Dans son communiqué de presse en date du 21 janvier 2015, l’EFSA se positionne contre l’ANSES, son homologue français. Pour l’autorité européenne, l’exposition actuelle au BPA est trop faible pour être dangereuse. Elle est même « considérablement inférieure au niveau sans danger ». Pour appuyer ses conclusions, elle se fonde sur de nouvelles données jugées plus fiables.
Ainsi, même en abaissant le niveau de sécurité de manière considérable, l’exposition au BPA provenant de sources tant alimentaires que non alimentaires serait de 3 à 5 fois inférieure. L’exposition deviendrait nocive pour la santé seulement si elle était 100 fois supérieure à la dose journalière tolérable.
Toutefois, les effets liés au BPA sur les systèmes reproductifs, nerveux, immunitaires, métaboliques et cardiovasculaires, ainsi que le développement des cancers, n’ont pas pu être exclus bien que considérés comme « peu probables ». Il faudra attendre les résultats d’une étude menée à long terme chez le rat pour pouvoir se prononcer de manière quasi définitive.
L’EFSA indique également attendre le résultat des recherches américaines réalisées par l’Us National Toxicololy Program afin de réexaminer la dose journalière tolérable pour réduire au mieux les incertitudes.
Cependant, en matière non alimentaire et d’exposition cutanée, l’EFSA manque de données pour établir un risque ou un danger certain lié au BPA. Cela cause d’après elle « des incertitudes supplémentaires concernant les dangers associés au BPA ».
Pour rappel, ce rapport vient contredire l’avis publié en 2013 par l’ANSES et dans lequel l’autorité française appelait à la précaution en réduisant l’exposition de la population. Elle mettait en évidence les risques potentiels et confirmait la nécessité de réduire les expositions à ce perturbateur endocrinien ce qui a ensuite conduit à son interdiction absolue en France à compter du 1er janvier 2015.
D’ailleurs, suite à la publication du rapport de l’EFSA, le directeur adjoint de la direction d’évaluation des risques à l’ANSES, Monsieur ORMSBY, s’est exprimé en indiquant avoir des différences sur l’appréciation des études et sur la manière d’apporter la preuve. Dans un courrier adressé en 2014 à l’EFSA, l’ANSES regrettait déjà que cette autorité « utilise l’incertitude comme argument pour considérer qu’un effet n’est pas probable, voir même pour exclure de l’évaluation du risques un effet considéré comme probable ».
Enfin, il est indéniable que ce rapport en surprenne plus d’un, dont la ministre de l’écologie, Ségolène Royale, qui a dès lors annoncé qu’elle allait demander une expertise afin de s’assurer que le poids des lobbies n’a été d’aucune influence. La commission européenne, quant à elle, va étudier le rapport en vue de possibles actualisations de la réglementation en vigueur en la matière.
http://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/150121.htm
http://www.actu-environnement.com/ae/news/risques-sante-bisphenol-a-efsa-anses-23694.php4
Pôle Qualité Santé Nutrition & Environnement GEDAL