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Alors que l’agriculture française est confrontée à des défis majeurs, garantir notre souveraineté alimentaire n’est plus une option : c’est une nécessité. Cette ambition ne doit pas se limiter à des prises de position symboliques, comme l’opposition du gouvernement français à l’accord UE-Mercosur. Elle doit trouver une traduction concrète sur le terrain, et la restauration collective en est le point de départ.
La restauration collective a une responsabilité sociale de premier plan, avec pour objectif principal de permettre au plus grand nombre de bien se nourrir au quotidien.
Chaque jour, plus de 20 millions de repas sont servis dans nos restaurants scolaires, nos hôpitaux et établissements médico-sociaux, nos maisons de retraite, nos universités et nos entreprises. Ces repas ne sont pas qu’une réponse à un besoin alimentaire : ils sont l’occasion d’influencer positivement les modes de consommation, de soutenir nos filières agricoles, et de garantir des produits de qualité pour tous. La viande, en particulier, joue un rôle central. Bien plus qu’un simple aliment, elle contribue à l’équilibre nutritionnel et assure l’accès à une alimentation de qualité, notamment pour les publics les plus modestes. Réduire sa place au nom de l’environnement serait ainsi une erreur simpliste et préjudiciable. La véritable transition écologique passe par le soutien à des pratiques agricoles durables. En France, nos éleveurs, engagés dans cette démarche, produisent une viande respectueuse des normes sociales et environnementales les plus élevées. C’est cette viande que nous devons défendre et promouvoir.
Les décideurs publics ont donc une responsabilité : celle de ne pas laisser la restauration collective devenir un terrain de renoncement face aux pressions budgétaires, aux sirènes de l’importation à bas coût ou aux injonctions idéologiques appelant au retrait de la viande pour des motifs environnementaux. Il est temps de transformer les promesses en actes. Cela passe par un cadre législatif et financier à la hauteur des enjeux, garantissant que les objectifs fixés par les lois Egalim et Climat pour le 1er janvier 2024 – 60 % des viandes servies dans la restauration collective, issues de filières durables et de qualité, et 100 % dans la restauration d’Etat – soient enfin atteints. Pourtant, les chiffres montrent que nous sommes encore loin du compte : seulement 28 % des viandes servies répondent actuellement à ces critères, selon les données de MaCantine pour 2023. Ce retard met en lumière un enjeu majeur : mieux mobiliser les opportunités offertes par la commande publique pour atteindre ces objectifs.
La restauration collective ne doit pas être perçue comme une simple contrainte réglementaire. C’est une opportunité exceptionnelle d’agir à grande échelle et de défendre nos valeurs et notre souveraineté. Les élus locaux, en adoptant des politiques ambitieuses, et les gestionnaires d’établissements, en les mettant en œuvre, ont entre leurs mains la capacité de faire de leurs structures des vitrines de la qualité française. En choisissant des produits locaux, en valorisant les circuits de proximité et en misant sur la transparence de l’origine des produits, ils peuvent inspirer d’autres secteurs et initier une dynamique nationale.
SOURCE : NEORESTAURATION
Tribune : « La restauration collective, le point de départ d’une souveraineté alimentaire forte » | NEORETAURATION