LE PAPIER THERMIQUE SERAIT UNE SOURCE POTENTIELLEMENT SIGNIFICATIVE.

L’EFSA vient de rendre son avis sur l’évaluation de l’exposition au BPA ouvert à consultation publique jusqu’au 15 septembre 2013. La dernière évaluation de l’exposition au BPA réalisée par l’EFSA remonte à 2006 et cette nouvelle évaluation englobe les sources d’exposition à la fois alimentaires et non alimentaires.
L’EFSA conclut que :
– Quels que soient les groupes de population, l’alimentation constitue la source majeure d’exposition au bisphénol A.
– L’exposition est plus basse que précédemment estimée par l’EFSA.
– Pour les enfants et les nourrissons (âgés de 6 mois à 3 ans), l’exposition moyenne au BPA par voie alimentaire est estimée à 375 ng/kg de poids corporel/jour, alors que pour la population âgée de plus de 18 ans (y compris les femmes en âge de procréer), ce chiffre s’élève à 132 ng/kg de poids corporel/jour. À titre de comparaison, ces estimations sont inférieures à 1 % de la dose journalière tolérable (DJT) pour le BPA (0,05 milligramme/kg de poids corporel/jour) établie par l’EFSA en 2006.
– Les scientifiques ont déterminé que l’exposition au BPA par voie alimentaire était la plus élevée chez les enfants âgés de trois à dix ans (en raison de leur consommation alimentaire plus élevée sur une base de poids corporel).
– Pour tous les groupes de population de plus de trois ans, le papier thermique représentait la deuxième source la plus importante de BPA après l’alimentation (pouvant représenter jusqu’à 15 % de l’exposition totale dans certains groupes de population).
– Les aliments en conserve, les viandes non mises en conserve et les produits carnés ont été identifiés comme étant des contributeurs majeurs de l’exposition au BPA par voie alimentaire pour tous les groupes d’âge.

Le projet d’avis du groupe inclut l’analyse des éventuelles incertitudes liées aux évaluations de l’exposition :
> Les estimations de l’exposition par voie alimentaire basées sur la présence de BPA dans les aliments et la base de données exhaustive sur la consommation alimentaire européenne sont considérées comme fiables.
> Des incertitudes quant à la source d’exposition du papier thermique ont toutefois été soulevées et des données supplémentaires doivent être recueillies, en particulier sur l’absorption cutanée du BPA et les habitudes de manipulation des tickets de caisse, afin de fournir une évaluation très précise de l’exposition par cette voie.

Approche scientifique :
Deux approches pour estimer l’exposition ont été adoptés : la modélisation de l’exposition et l’analyse des données de biosurveillance humaine (provenant d’échantillons d’urine).
La modélisation de l’exposition comprend l’évaluation de l’exposition au BPA par voie alimentaire et non alimentaire (papier thermique, air, poussière, jouets, produits cosmétiques, résines de scellement) et les voies de pénétration (alimentaire, inhalation et contact cutané) dans la population de l’UE. Cette méthode permet une estimation de l’exposition provenant de toutes les sources pouvant être identifiées et quantifiées de manière individuelle.
Les données de biosurveillance urinaire (à savoir les concentrations de BPA détectées dans l’urine) ont permis de corroborer les estimations du groupe sur l’exposition globale au BPA et de veiller à ce qu’aucune source majeure d’exposition n’ait été omise.

Consultation publique en deux phases et études en cours de réalisation :
Toutes les parties prenantes et intéressées pourront soumettre leurs observations sur le projet d’évaluation de l’exposition entre le 25 juillet et le 15 septembre 2013.
L’EFSA a décidé de lancer une consultation publique en deux temps dans un souci de transparence et de conformité à la volonté de l’Autorité de consulter toutes les parties prenantes avant de finaliser son évaluation des risques complète.

Contexte :
Le BPA est utilisé pour fabriquer des plastiques polycarbonates (PC), des résines époxy et d’autres polymères ainsi que certains produits de papier (par ex. le papier thermique). Le polycarbonate est utilisé pour réaliser des contenants pour aliments et boissons tels que les articles de table (assiettes et tasses), la vaisselle pour four à micro-ondes et four traditionnel, les réservoirs pour fontaine réfrigérée et les applications non alimentaires telles que les jouets et les tétines avec revêtement en polycarbonate. Les résines époxyphénoliques à base de BPA sont utilisées en tant que revêtement protecteurs pour les boîtes de conserve et les canettes et en tant qu’enduit sur les réservoirs de stockage d’eau potable à usage résidentiel. Le BPA est également utilisé dans de nombreuses applications non alimentaires, par exemple les peintures à base de résine époxy, les dispositifs médicaux, les revêtements de surface, les encres d’impression et les ignifuges.
L’EFSA a achevé son évaluation complète des risques associés au BPA en tant que matériel en contact avec les aliments en 2006 et elle a établi une dose journalière tolérable (DJT) de 0,05 mg/kg de poids corporel/jour (ou 50 000 ng/kg de poids corporel/jour) pour cette substance. La DJT est une estimation de la quantité d’une substance, exprimée sur la base du poids corporel, qui peut être ingérée quotidiennement pendant toute une vie sans risque notable pour la santé. Dans son évaluation des risques datant de 2006, l’EFSA a également procédé à une estimation des doses de BPA consommées par l’intermédiaire des aliments et des boissons, chez les adultes, les nourrissons et les enfants, et a constaté qu’elles étaient largement inférieures à la DJT. L’EFSA a mis à jour son conseil scientifique sur le BPA à plusieurs reprises depuis 2006, l’actualisation la plus récente de son évaluation datant de 2011, sans toutefois reconsidérer l’évaluation de l’exposition.
En février 2012, après un examen plus approfondi des nouvelles études scientifiques disponibles, le groupe CEF a décidé d’entreprendre une réévaluation complète des risques pour l’homme associés à l’exposition au BPA par l’intermédiaire de l’alimentation, en tenant également compte de la contribution des sources non alimentaires à l’exposition globale au BPA. À cette fin, toutes les données disponibles et les études scientifiques sur la présence de BPA dans les sources alimentaires et non alimentaires publiées depuis l’avis rendu par l’EFSA en 2006 ont été révisées. Outre l’évaluation de l’exposition, le groupe scientifique procède actuellement à une évaluation complète des risques pour la santé humaine associés au BPA, y compris concernant la pertinence possible pour la santé humaine de certains effets liés au BPA à faible dose observés chez les animaux de laboratoire.
Comparaison entre les évaluations de l’exposition au BPA par voie alimentaire entre 2006 et 2013 :
Pour les nourrissons (âgés de 3 mois au plus), l’exposition alimentaire est estimée à un niveau 30 fois inférieur au niveau précédemment évalué (135 ng/kg de poids corporel/jour en 2013 contre 4 000 ng/kg de poids corporel/jour en 2006).
Pour les adultes (y compris les femmes en âge de procréer), l’évaluation de 2013 est estimée à un niveau environ 11 fois inférieur au niveau de 2006 (132 ng/kg de poids corporel/jour en 2013 contre 1 500 ng/kg de poids corporel/jour en 2006).
Le Tableau 23 (page 68 du projet d’avis en cours) illustre l’exposition au BPA par les différentes sources. Le Tableau 33 (page 107) inclut les estimations de 2006 et de 2013 ainsi que les estimations de l’exposition au BPA provenant d’autres évaluations de l’exposition (y compris celles publiées par l’Agence française de sécurité alimentaire, l’ANSES, ainsi que par la FAO et l’OMS).

Source : EFSA, le 25 juillet 2013
> Public consultation on the draft opinion on bisphenol A (BPA) – exposure assessment