Comment faire de l'intelligence artificielle une technologie vertueuse pour l'emploi et le travailLes opportunités comme les risques de l’intelligence artificielle (IA) pour le monde du travail sont nombreux. Pour l’instant, leur évaluation scientifique reste limitée. Que suggèrent les résultats empiriques en économie et en ergonomie et comment les pouvoirs publics peuvent-ils favoriser une approche nuancée et vertueuse des usages l’IA ?

L’IA : une technologie en pleine mutation qui devient une affaire politique et sociale

L’Intelligence artificielle (IA) connaît actuellement un regain d’intérêt sans précédent dans les sphères politiques et socio-économiques. Les discours qui en émanent prônent une nouvelle ère d’innovations technologiques et de services, à même de transformer le monde du travail. Face à cette évolution, plusieurs pays ont mis en place des plans stratégiques visant à soutenir et encadrer le développement de l’IA. En France, le rapport Villani de 2018 a conduit au lancement du Programme national de recherche en IA (PNRIA). La Commission de l’intelligence artificielle a publié un rapport en mars 2024, contenant 25 recommandations tandis qu’au niveau européen, le Règlement sur l’IA, qui établit des règles harmonisées fondées sur les risques, a été adopté par le Conseil de l’Europe en mai 2024.

Les interrogations sur l’IA au travail ne sont pas pour autant nouvelles. Les premiers systèmes d’intelligence artificielle (SIA) (années 1960-70), basés sur l’IA symbolique qui repose sur l’utilisation de modèles de processus cognitifs (raisonnement, perception, compréhension, etc.) prédéfinis par les concepteurs à l’aide de règles et de symboles, étaient envisagés comme des outils d’assistance dans divers domaines professionnels, mais leurs usages sont restés assez limités. Les SIA actuels, basés sur une approche « connexionniste » et des algorithmes d’apprentissage dit profond qui consiste à faire apprendre à des réseaux de neurones artificiels à réaliser des tâches cognitives sans modèles prédéfinis, sont devenus beaucoup plus performants.

Certains de ces systèmes restent circonscrits à des domaines spécifiques, tels que l’analyse d’images ou le traitement automatique du langage avec des utilisations dans différents secteurs (par exemple, le transport avec les véhicules (semi)-autonomes, l’imagerie médicale, la relation client, la maintenance prédictive) sur des tâches bien définies (Zouinar, 2020), d’autres comme ChatGPT, lancé en novembre 2022, ont  ouvert de nouvelles perspectives sur l’évolution potentielle des métiers et du travail. Ces systèmes se distinguent des précédentes applications d’IA « mono-tâche » par leur polyvalence, offrant de multiples champs d’application : ils peuvent traduire, calculer, générer des textes ou des programmes informatiques, des images, des sons et des vidéos. Grâce à son accessibilité et sa large diffusion, l’IA générative s’approche aujourd’hui des applications web grand public, comme les moteurs de recherche et pourrait devenir un outil professionnel comme un autre.

SOURCE : VIE-PUBLIQUE.FR
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