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Le Laboratoire de Fougères de l’Anses a coordonné le projet Protox, qui visait à proposer une stratégie pour déterminer la toxicité des protéines en utilisant de nouvelles approches méthodologiques (NAM). Que ce soit via notre alimentation ou notre environnement, nous pouvons en effet être exposés à de nouvelles protéines, dont il faut évaluer le risque pour notre santé, tout en limitant au maximum l’expérimentation animale. Explications avec Kevin Hogeveen, toxicologue au sein du Laboratoire de Fougères et coordonnateur du projet.
Qu’est-ce que le projet Protox ?
Kevin Hogeveen : Le projet Protox, qui s’est déroulé entre décembre 2022 et mai 2024, était porté par le Laboratoire de Fougères de l’Anses et le Luxembourg Institute of Science and Technology. Nous avons répondu à un appel à projets de l’Efsa, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, pour déterminer s’il était possible d’évaluer la toxicité des protéines par des tests n’utilisant pas d’animaux, contrairement à ce qui est fait actuellement. En effet, pour des raisons essentiellement d’éthique, l’objectif est de développer de nouvelles approches méthodologiques (NAM) limitant l’expérimentation animale. Cependant, jusqu’à présent, de telles méthodes ont été très peu développées et approuvées par la réglementation pour évaluer la toxicité des protéines.
De quelles protéines s’agit-il ?
KH : Dans le contexte de ce projet, l’Efsa s’intéresse principalement à la sécurité des protéines, nouvelles ou non, présentes dans les aliments pour l’être humain et pour les animaux, y compris les OGM et les nouveaux aliments. Le projet recouvre aussi les protéines utilisées dans les procédés alimentaires, par exemple les enzymes introduites lors de la transformation des aliments ou bien les protéines issues d’OGM utilisées dans certains pays comme biopesticides ou pour rendre les plantes résistantes aux ravageurs. Mais cette stratégie peut aussi s’appliquer à tous les types de protéines toxiques qui peuvent contaminer les aliments ou l’environnement, y compris les toxines produites par des champignons, des plantes ou des algues. Avec le changement climatique, certaines espèces sont en effet retrouvées dans des zones plus étendues. Ainsi, nous risquons d’être exposés à des protéines dont la toxicité n’est pas toujours bien déterminée. Les travailleurs peuvent également être exposés à des biopesticides ou des toxines dans le cadre de leur activité professionnelle. Notre objectif était donc de proposer une stratégie de tests basés sur des NAM, en prenant en compte le large éventail de mécanismes d’action connues pour les protéines toxiques.
SOURCE : ANSES.FR
À la recherche de nouvelles stratégies pour tester la toxicité des protéines | ANSES.FR