Cet ingrédient qui remplace le sucre dans certains produits industriels est-il nocifDans un certain nombre de produits, notamment ultra-transformés comme des sodas, le sirop de glucose-fructose remplace le sucre. Cet ingrédient coûte moins cher aux industriels, mais sa qualité nutritionnelle serait aussi inférieure à celle du saccharose.

Stupeur au rayon sirop de grenadine de votre supermarché ! D’après le journaliste spécialiste de la grande distribution Olivier Dauvers, La marque de référence du marché, Teisseire, aurait introduit du sirop de glucose-fructose dans ses recettes. Alors que, comme l’indique le journaliste sur son site, elles étaient « historiquement pur sucre ». La mention de cet ingrédient dont la qualité nutritionnelle serait moins bonne que celle du saccharose (le sucre dans sa forme originale) a effectivement fait son apparition sur les bidons de sirop aux fruits de la marque.

Chez la plupart des concurrents de Teisseire que sont les marques de distributeurs (MDD), le sirop de glucose-fructose ne figure pas dans la liste des ingrédients. Les sirops de grenadine de U, Leclerc ou Intermarché seraient donc bien pur sucre. Olivier Dauvers en « déduit que la recette de Teisseire est moins-disante. Je ne connais pas un seul nutritionniste qui conseille le sirop de glucose-fructose plutôt que le sucre », écrit-il le journaliste dans son article.

Le glucose-fructose, produit phare de l’agro-industrie américaine

La marque fondée en 1720 est pourtant bien loin d’être la seule à utiliser ce produit sucrant. Dans le même rayon, Carrefour l’utilise aussi pour ses sirops de grenadine. Et ailleurs, on le retrouve dans bien d’autres produits ultra-transformés. Biscuits, sauces tomate, pains de mie, sodas… Comme l’explique Le Monde dans un article de 2019 sur le sujet, « son faible coût en a fait un ingrédient star pour l’industrie ».

C’est en particulier aux États-Unis que ce liquide sucré obtenu à partir d’amidon de maïs est devenu, au cours des années 1970, un produit phare de l’agro-industrie. En pleine guerre froide, les Américains ont du mal à s’approvisionner en sucre de canne des Caraïbes. L’occasion de mettre à profit leurs immenses champs de maïs pour produire ce High Fructose Corn Syrup, sirop de maïs à haute teneur en fructose (HFCS). « 5 % du maïs cultivé sert aujourd’hui à l’élaboration de cet édulcorant », explique Le Monde dans son article.

Un engouement tel pour le sirop de glucose-fructose qu’outre-Atlantique, Coca-Cola l’a supplanté au sucre traditionnel dans ses sodas. En France, deuxième producteur mondial de sucre de betterave, le saccharose reste dominant. Le Coca français est bien « pur sucre ». Mais certains industriels, à l’instar de Teisseire donc, commencent à adopter le HFCS.

Un pouvoir sucrant « 1,3 fois plus élevé » que le saccharose

Le Conseil européen de l’information sur l’alimentation (EUFIC) explique sur son site que jusqu’en 2017, la production de sirop de glucose-fructose était réglementée par l’Union Européenne. Elle ne devait pas dépasser 5 % de la production totale de sucre. Mais ce cadre a pris fin et sa production est repartie à la hausse. « Du fait de cette augmentation, le sirop de glucose-fructose pourrait à l’avenir remplacer le saccharose dans certains produits, principalement les aliments liquides ou semi-liquides comme les boissons et les glaces », explique l’EUFIC.

Son coût moindre par rapport au sucre peut être une justification de ce remplacement pour les industriels. Mais pas seulement. Le sirop de glucose-fructose se conserve mieux, plus longtemps. Le fait qu’il soit liquide rend plus aisée son utilisation par les industriels. Et surtout, il peut jouer un rôle d’exhausteur de goût. Dans une vidéo du Parisien comparant les Coca-Cola français et américain, Yvan Etchiandas, chercheur dans l’agroalimentaire, explique que « le fructose a un pouvoir sucrant 1,3 fois plus élevé que le saccharose ».

Les effets néfastes du fructose

Mais cette forte teneur en fructose ne serait pas sans incidence sur le plan nutritionnel. D’abord, il ne serait pas aussi efficace que d’autres sucres comme le saccharose pour rassasier et induire la satiété. Il inciterait donc davantage à la poursuite de la prise alimentaire et pourrait procurer un effet d’addiction. Or, comme tout sucre, il ne faut pas en manger de manière immodérée.

Ensuite, à l’inverse du glucose qui est métabolisé par plusieurs organes, le fructose l’est principalement dans le foie sous forme de graisse. Il pourrait donc favoriser le développement de maladies comme l’obésité, le diabète ou la stéatose hépatique. Beaucoup de nutritionnistes estiment d’ailleurs que le glucose-fructose est en partie responsable de l’épidémie d’obésité aux États-Unis.

L’arrivée de cet édulcorant dans certains de nos aliments doit-elle faire craindre une situation similaire à celle outre-Atlantique ? Après tout, le fructose est déjà bien présent dans notre alimentation, notamment en grande quantité dans beaucoup de fruits. Ce n’est pas pour cela qu’il faut s’arrêter d’en manger. L’enjeu est donc, comme toujours, d’avoir une alimentation équilibrée !

SOURCE : OUEST FRANCE
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