Fièvre aphteuse un pas de plus vers la compréhension de la persistance du virus chez les ruminants-minTemps de lecture de l’article complet : 12 min

La fièvre aphteuse est l’une des maladies animales virales les plus contagieuses. Elle affecte plus de 70 espèces domestiques et sauvages, notamment les bovins, porcins, ovins et caprins. Les pays indemnes ne sont pas à l’abri de cette maladie, comme l’ont montré les récents cas en Allemagne, Hongrie et Slovaquie depuis janvier 2025. Son impact socio-économique est considérable sur les filières d’élevage, à la fois dans les zones où elle est présente de façon permanente mais également en cas d’incursion dans une zone précédemment indemne. Depuis plus de 50 ans, une question complexe se pose : dans les zones où le virus circule, pourquoi peut-il persister chez jusqu’à 50 % des ruminants infectés après leur guérison apparente ? C’est à cette question que le laboratoire de santé animale de l’Anses a cherché à répondre à travers le projet de recherche international FMDV_PersIstOmics. Il a permis de découvrir que l’une des protéines du virus joue un rôle clé dans cette persistance.

Le projet intitulé « From proteogenomic host response signatures of persistent foot-and-mouth disease virus (FMDV) infection to diagnostic markers and therapeutic control » (FMDV_PersIstomics) visait à comprendre les mécanismes à l’origine de la persistance du virus de la fièvre aphteuse chez les ruminants pour améliorer le diagnostic et développer des outils thérapeutiques. En effet, certains ruminants continuent de porter le virus même après avoir guéri de la maladie. Ceci peut durer de quelques semaines chez les petits ruminants à plusieurs années chez certaines espèces de bovins sauvages, comme les buffles africains. Sandra Blaise-Boisseau, coordinatrice du projet et scientifique au sein de l’unité mixte de recherche (UMR) Virologie du laboratoire de santé animale de l’Anses, explique : « ce phénomène est particulièrement important chez les bovins, où il concerne plus de 50 % des animaux infectés. Cela représente un risque potentiel de transmission du virus à d’autres animaux sensibles, mais aussi de recombinaison entre souches si l’animal porteur est réinfecté. »

Le projet, financé par le premier appel à projet ICRAD (International coordination of research on infectious animal diseases), a été mené de mars 2021 à janvier 2025.  Il a réuni cinq partenaires internationaux : l’Anses, l’institut Sciensano en Belgique, l’institut Friedrich-Loeffler en Allemagne, l’université suédoise des sciences agricoles et l’institut SAP en Turquie.

Le rôle d’une protéine virale dans la persistance du virus

Pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents de cette persistance, les scientifiques ont créé une version du virus de la fièvre aphteuse dépourvu d’une protéine clé, la protéine “Leader”, qui est connue pour inhiber la réponse immunitaire de l’hôte. Ils ont montré lors d’essais sur des bovins que cette protéine est essentielle à la persistance du virus, qui ne persiste pas sans elle.

« Ces résultats confirment ceux obtenus in vitro sur cellules bovines au sein du même projet et concordent avec ceux d’un précédent projet également coordonné par le laboratoire de santé animale de l’Anses », complète sa collègue Aurore Romey. « Nous avions observé que chez les animaux chez qui le virus persiste, la réponse immunitaire innée contre le virus était toujours présente, mais insuffisante pour éliminer le virus. C’est comme si un équilibre s’installait entre le virus et le système immunitaire, où aucun des deux n’arrivait à prendre le dessus. »

Dans le cadre du projet FMDV_PersIstomics, les scientifiques ont aussi testé une molécule susceptible de rompre cet équilibre et ainsi empêcher ou stopper la persistance du virus. Les résultats seront publiés prochainement.

SOURCE : ANSES.FR
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