shutterstock_204986836Cette étude, qui pour la première fois fait un lien entre perturbateurs endocriniens et intolérances alimentaires, devrait raviver le débat autour du bisphénol A.

Les chercheurs de l’unité de Toxicologie alimentaire (Toxalim) de l’Inra Toulouse ont mis en évidence qu’une exposition périnatale (in utero et pendant l’allaitement) au bisphénol A, à de faibles doses, chez des rats, a des conséquences sur le développement de leur système immunitaire et prédispose leur descendance à une intolérance alimentaire à l’âge adulte. Ces nouveaux résultats contribuent à caractériser les effets délétères du bisphénol A sur le système immunitaire, à de faibles niveaux d’exposition, et à des périodes du développement auxquels l’individu est particulièrement vulnérable.

Pour ce faire, les chercheurs ont étudié deux groupes de rates gestantes. Le premier a reçu par voie orale une dose quotidienne de bisphénol A, à 5 μg/kg de poids corporel, depuis la gestation jusqu’au sevrage des nouveau-nés. Le groupe témoin n’a quant à lui pas reçu de bisphénol A. Les nouveau-nés issus des deux groupes ont ensuite été suivis. A l’âge adulte (soit 45 jours), ces animaux ont été nourris avec de l’ovalbumine, une protéine du blanc d’œuf qui ne figurait pas précédemment dans leur régime alimentaire. Les chercheurs ont alors observé une réaction immunitaire dirigée contre cette protéine chez les rongeurs qui avaient été exposés au perturbateur endocrinien lors de leur développement. Au contraire, chez les rats descendant du groupe témoin aucune réponse immunitaire contre l’ovalbumine n’a été notifiée.

De plus, l’administration orale répétée de l’ovalbumine chez les rats exposés par leur mère au bisphénol A a conduit à une inflammation du côlon, preuve d’une intolérance alimentaire.

Rappelons que les pouvoirs publics français ont interdit l’utilisation du bisphénol A dans les contenants alimentaires destinés aux nourrissons dès 2013, et pour tous les emballages alimentaires à horizon 2015. Dans l’attente de son avis définitif dont la publication est prévue fin 2014, l’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments) a proposé d’appliquer au bisphénol A une valeur limite dix fois plus faible que celle jusque-là en vigueur, soit 5µg/kg poids corporel/jour.

Les approches mises en place dans cette étude pourront être appliquées à d’autres perturbateurs endocriniens, en particulier aux substances candidates au remplacement du bisphénol A pour les emballages alimentaires de nouvelle génération.

Pour plus d’informations :

Food intolerance at adulthood after perinatal exposure to the endocrine disruptor bisphenol par Menard, S., Guzylack-Piriou, L., Leveque, M., Braniste, V., Lencina,C., Naturel, M., Moussa, L., Sekkal, S., Harkat, C.,Gaultier, E., Theodorou, V., Houdeau, E. A. The FASEB Journal, août 2014.

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