Les principes fondamentaux des vigilances de l’AnsesL’Anses coordonne sept dispositifs de vigilance qui permettent d’identifier des effets indésirables provoqués par plusieurs types de produits et d’aliments.
Sur quels principes fondamentaux repose cette mission de l’Agence ? En quoi consistent les nouvelles vigilances sur les produits cosmétiques et tatouages ? Quelles sont les perspectives pour ces dispositifs ?
Juliette Bloch, directrice des alertes et des vigilances sanitaires répond aux questions.

Quel point commun entre tous les dispositifs de vigilance que l’Anses coordonne ?

Les sept dispositifs de vigilance que nous coordonnons sont très différents. Ils surveillent des effets indésirables dans des domaines très variés. Si chacun a un fonctionnement qui lui est propre, tous reposent sur le même principe : identifier des effets indésirables liés à des produits ou des situations d’exposition spécifiques. Plusieurs de ces dispositifs reposent sur les signalements que nous font les professionnels de santé, fabricants ou particuliers sur des sites de déclarations dédiés notamment sur le site de l’Anses et le portail de signalements du Ministère en charge de la santé.

Nous analysons chaque déclaration reçue, en discutons avec nos experts, en particulier des Centres antipoison, recherchons des cas analogues dans nos bases de données et en cas d’anomalie, nous remontons l’alerte aux autorités compétentes qui prennent alors les mesures adéquates. Déclarer, c’est donc rendre service à la communauté. C’est un geste qui peut permettre de mettre rapidement le doigt sur des effets toxiques de certains compléments alimentaires, de produits du quotidien tels les produits d’hygiène, ou bien des effets indésirables d’un nouveau médicament vétérinaire, par exemple.

Les 7 dispositifs de vigilance coordonnés par l’Anses

– La nutrivigilance vise à identifier rapidement d’éventuels effets indésirables liés à la consommation des compléments alimentaires, aliments enrichis ou nouveaux aliments.
– La toxicovigilance surveille les effets toxiques pour l’Homme, qu’ils soient aigus ou chroniques, faisant suite à l’exposition à des substances ou mélanges de substances, naturelles ou de synthèse, disponibles sur le marché ou présents dans l’environnement. Elle s’appuie sur le réseau des Centres antipoison.
– La phytopharmacovigilance a pour objectif de documenter la présence de résidus de produits phytopharmaceutiques dans les milieux (y compris les aliments) et d’identifier les effets indésirables sur la santé humaine, animale ou environnementale associés à leur usage.
– La pharmacovigilance vétérinaire permet de surveiller les effets secondaires des médicaments vétérinaires sur la santé des animaux traités, des vétérinaires et des particuliers ainsi que sur l’environnement et l’alimentation après leur mise sur le marché.
– Le Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles et environnementales (RNV3PE) a pour objectif de repérer des situations professionnelles à risque sur la base des données des consultations réalisées au sein des 28 centres de consultation de pathologie professionnelle (PDF) et environnementale.
– La cosmétovigilance a pour objectif d’identifier les effets indésirables chez l’humain liés à l’usage des cosmétiques.
– La tatouvigilance a pour but de surveiller les effets indésirables provoqués par l’utilisation des produits de tatouage.

Pourriez-vous nous expliquer les grands principes fondamentaux de ces vigilances que vous venez de publier dans un document spécifique ?

Chaque vigilance est suivie par une équipe scientifique dédiée. Un comité de coordination des vigilances veille à la mise en œuvre de principes fondamentaux généraux. Ces principes garantissent un même niveau de qualité dans l’analyse des signalements et une cohérence entre les méthodes de caractérisation d’un signal et d’une alerte sanitaire, le suivi des signalements et la communication de nos analyses. En application de ces principes, nous nous assurons du développement de méthodes d’imputabilité robustes, testées et validées scientifiquement. Ces méthodes permettent d’estimer la force du lien entre une exposition, à un produit par exemple, et un effet indésirable qui a été signalé. Nous nous attachons également à assurer un suivi des alertes transmises aux autorités et des mesures qui ont été prises en réponse. Il s’agit d’un indicateur de résultats pour nos missions de vigilances. Afin de mieux sensibiliser les publics les plus concernés, les professionnels de santé en particulier, et valoriser l’utilité des signalements, nous avons créé une publication dédiée, le bulletin Vigil’Anses, qui propose des articles rapides à lire et compréhensibles pour les non spécialistes.

Quelles sont les perspectives pour les années à venir ?

Depuis janvier 2024, nous avons en charge deux nouveaux domaines de vigilance : les produits cosmétiques et les produits de tatouage, qui étaient pilotés auparavant par l’ANSM, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Nous déployons les moyens nécessaires pour mener à bien ces deux missions avec, très concrètement, des recrutements pour augmenter nos compétences dans ces domaines très réglementés et être en capacité d’analyser un plus grand nombre de déclarations. Un autre enjeu des vigilances est de développer le repérage de signaux faibles. Nous échangeons avec Santé publique France et l’ANSM sur les modèles de détection automatisée qui permettraient d’identifier de nouveaux phénomènes, ou événements inhabituels, dans de grands ensembles de données incluant les forums de discussion.

SOURCE : ANSES.FR
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